Imaginons ensemble, une pièce sombre, voûtée, sans décoration, où un grand album en forme de missel relié de velours rouge, à ferrures antiques, repose, solitaire, sur un lutrin éclairé par un unique flambeau.

Rêvons ensemble, que ce grand album soit un recueil d’illustrations. Dessins de villes, d’instantanés de vie, où en regard de chaque illustration, écrit de la main des hommes, des récits vrais et moins vrais. Livre précieux, que l’on Feuillette, avec les yeux émerveillés, d’un enfant d’autrefois devant de belles images.

Au hasard, nous tournerons ses pages. Nous arrêtant seulement devant une illustration, selon ses couleurs, nos envies et au gré du vent.

Si le lecteur, bienveillant ( et nous le savons bienveillant), possède une âme quelque peu d’artiste, il comprendra. Des descentes dans le temps à un endroit, puis des remontées dans d’autres parties de ce temps, en passant par des lignes droites, sans oublier les courbes et les doubles boucles de ce même temps - Pour l’espace, pareil - Voilà ce qui attend notre bienveillant lecteur. Lequel, rien ne l’empêche de donner son très estimable avis. Nous le remercions d’avance et lui souhaitons d’agréables voyages.

lundi 9 janvier 2012

Mycènes

acropole de Mycènes

Dans le Péloponèse, au fond de la plaine de l’Argolide, sur une colline, se dresse encore les ruines de l’acropole de Mycènes.
Une ville et une place forte, protégées par des montagnes qui dominent toute la région.  Autrefois, Mycènes surveillait toutes les routes terrestres et maritimes conduisant vers le Moyen-Orient.  De l’Egypte jusqu’à la Grèce du sud-est, ses nombreux navires contrôlaient le commerce.
Cet emplacement bien choisi fit la richesse de la cité pendant plus de quatre siècles.

La tradition raconte que Percée, fils de Zeus et de Danaé, fonda la cité.  Les Cyclopes en auraient bâti les murs. Après la mort de Persée, ses descendants continuèrent à régner sur Mycènes.  L’un d’eux, Eurysthée, imposa à Hercules, les célèbres douze travaux.  Le fils d’Hercules tua Eurysthée.  Après la mort de ce roi, son beau-frère, Atrée s’empara du pouvoir.

Lorsque  les Athéniens virent pour la première fois les tragédies d’Eschyle sur la mort d’Agamemnon, fils d’Atrée.  Ils savaient que sa famille était maudite.  Non seulement, Atrée et son frère Thyeste étaient maudits par leur père Pélops pour avoir tué leur demi-frère Chrysippe, mais encore, entre eux, ils se livraient à une lutte sanglante et féroce pour ne pas dire barbare.

Mycènes

 
Bien que  les trois fils de Thyeste eussent trouvé protection dans un sanctuaire de Zeus, Atrée ne s’inquiéta pas.  Il les assassina.  Après ces meurtres, Atrée, sans aucune gêne, invita le père de ses malheureuses victimes à un banquet.  A la fin du repas, Atrée fit apporter sur la table, devant son frère, un grand fait-tout.  Souriant, il souleva le couvercle de la marmite.  Une monstruosité apparut devant les yeux horrifiés de Thyeste. Une vraie vision de cauchemar, d’enfer, le père découvrit les mains et les pieds de ses fils nagent dans une sauce brune.  Alors, terrible, la vérité lui apparut brutale, il avait mangé sa propre chair. Thyeste en était épouvanté.  Devant l’atrocité du crime, le soleil même arrêta, dit-on, sa course.  Atrée jouissait du spectacle.  La rage au cœur et une folie meurtrière dans la tête, l’unique fils restant de Thyeste, Egiste, sortit son épée et massacra le monstre.

Atrée mort, Agamemnon lui succéda sur le trône de Mycènes. Il épousa Clytemnestre, fille de Léda et du roi de Sparte Tyndarus.  Son frère Ménélas, roi de Sparte, avait épousé Hélène, sœur de Clytemnestre.  Hélène était le fruit des amours de Zeus, transformé en cygne, et de Léda.  Hélène s’était enfuie avec Pâris, fils du roi de Troie, Priam.  En colère et malheureux, Ménélas demanda l’aide de son frère Agamemnon pour reprendre son épouse, réfugiée à Troie avec son amant.

De son palais de Mycènes, Agamemnon, « roi des hommes », appela les Grecs à venger l’injure faite à son frère.  Il fut élu général en chef de cette expédition, connue sous le nom de la guerre de Troie, qui allait durer dix années.

Les Grecs s’étaient réunis à Aulis.  Des vents contraires les empêchaient de quitter le port.  Artémise, déesse de la chasse, en était la cause.  Pour pouvoir partir, Agamemnon comprit qu’il devait faire un grand sacrifice aux dieux.  Il dut sacrifier l’aînée et la plus belle de ses filles, Iphigénie.  Seulement, Clytemnestre n’aurait jamais accepté cette horrible immolation. Pour tromper sa vigilance de mère, qui faisait bonne garde, le rusé Ulysse, trouva une solution.  Pour amener Iphigénie à Aulis, il prit le prétexte de la marier au plus grand héros grec du temps, Achille.  Complice ou innocent, Achille promit lui-même de protéger Iphigénie. Avec cette ruse, Ulysse l’attira loin de la protection de sa mère.  Elle fut, selon Eschyle et Sophocle, sacrifiée, et selon Euripide, sauvée par Artémise.  Quoiqu’il en soit, Clytemnestre ne pardonna pas à Agamemnon ce crime.  Elle jura de venger sa fille.

Pendant les dix années d’absence d’Agamemnon, son cousin Egiste, fils de Thyeste et l’assassin d’Atrée, devint l’amant de Clytemnestre. 

escalier conduisant au palais

 
Lorsque Agamemnon rentra, en héros, chargé de nombreux butins pris aux Troyens, Clytemnestre semblait avoir oublié le terrible sacrifice et sa vengeance.  Elle le reçut avec tous les honneurs.  Elle déploya le tapis rouge.  Agamemnon fut soulagé par cet accueil si chaleureux.  En montant l’escalier qui conduisait au palais, il n’écouta pas les paroles de Cassandre.  La fille de Priam, sœur de Pâris, faisait partie de son butin de guerre. 
D’Apollon, Cassandre avait reçu le don de voyance.  Mais maudites, ses prophéties ne devaient jamais être écoutées.  Elle avait prédit la guerre, le funeste cheval de bois, mais personne ne l’entendit.  Troie fut livrée au pillage, à la fureur et aux incendies.  Cassandre, fille de roi, fut violée sur l’autel d’Athéna.  La déesse vengea l’affront.  De nombreux Grecs ne revirent jamais leurs foyers.  

ruines du palais d'Agamemnon

 
Cassandre lui annonçait sa mort prochaine. Comme les autres, Agamemnon n’écouta pas l’avertissement.  Pour fêter son retour et son triomphe, Clytemnestre  organisa un grand banquet.  Mais avant de commencer les festivités, elle lui prépara un bain.  Allongé dans l’eau parfumée et tiède, les yeux fermés, heureux, Agamemnon sentit tout à coup, comme un voile jeté sur lui.  Il ouvrit les yeux, un filet le recouvrait et l’empêchait de sortir du bain.  Il ne pouvait plus bouger.  Pris comme un poisson dans son eau.  Il se débattait, voulut crier, appeler à l’aide, mais les mots restèrent dans sa bouche.  D’un coup sec et puissant, la hache de Clytemnestre lui coupa la tête.  

Plus tard Oreste, le fils d’Agamemnon vengea son père.  Il tua sa mère et son complice Egiste. 

Une famille maudite que l’on vous disait.

Clytemnestre








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