Imaginons ensemble, une pièce sombre, voûtée, sans décoration, où un grand album en forme de missel relié de velours rouge, à ferrures antiques, repose, solitaire, sur un lutrin éclairé par un unique flambeau.

Rêvons ensemble, que ce grand album soit un recueil d’illustrations. Dessins de villes, d’instantanés de vie, où en regard de chaque illustration, écrit de la main des hommes, des récits vrais et moins vrais. Livre précieux, que l’on Feuillette, avec les yeux émerveillés, d’un enfant d’autrefois devant de belles images.

Au hasard, nous tournerons ses pages. Nous arrêtant seulement devant une illustration, selon ses couleurs, nos envies et au gré du vent.

Si le lecteur, bienveillant ( et nous le savons bienveillant), possède une âme quelque peu d’artiste, il comprendra. Des descentes dans le temps à un endroit, puis des remontées dans d’autres parties de ce temps, en passant par des lignes droites, sans oublier les courbes et les doubles boucles de ce même temps - Pour l’espace, pareil - Voilà ce qui attend notre bienveillant lecteur. Lequel, rien ne l’empêche de donner son très estimable avis. Nous le remercions d’avance et lui souhaitons d’agréables voyages.

dimanche 15 avril 2012

Delft


Proche de la Haye, capitale des Pays-Bas et située sur la Schie, qui la relie à la mer, Delft possède encore une communauté catholique importante.  Cette ville est l’une des plus ancienne ville du pays et l’une des plus riche en souvenirs historiques. Au onzième siècle, Godefroid le bossu, oncle de Godefroid de Bouillon, entoura la ville de remparts. De cette cité primitive il ne reste rien, en 1536, un incendie n’y laissa debout que cinq maisons.  Un épisode touchant et dramatique se rattache à cet incendie. 


Chacun sait qu’en Hollande, en Allemagne, et même en France jusqu’en Espagne, on vénère les cigognes.  On réserve à ces oiseaux, partout l’hospitalité.  On dispose sur le sommet des toits et des cheminées des bûchettes sur lesquelles les volatiles sont invités à nicher.  La population regarde comme un heureux présage les maisons qu’ils favorisent de leur présence.  Or, à l’époque de l’année où survint ce terrible incendie, les petits des malheureuses cigognes venaient d’éclore.  Ce fut un spectacle attendrissant et terrible à la fois que de voir les malheureuses mères enlever leur couvée dans leur bec, dans leurs pattes, enfin comme elles le pouvaient, voleter quelques temps dans les flammes et la fumée, et finalement, ne pouvant plus continuer leur vol entravé par le précieux fardeau, livrées au désespoir, se laisser tomber dans la fournaise avec leurs petits, plutôt que de s’en séparer. 
La ville ne tarda pas à se relever de ses ruines.  Mais, en 1654, plus de deux cents maisons furent détruite par l’explosion d’une poudrière.    Une explosion analogue à celle de 1654 y éclata encore en 1742, Delft semblait vouée aux calamités.  


La ville était, autrefois, renommée par ses faïenceries.  La plupart de ces fabriques ont cessé aujourd’hui d’exister.   


Dans l’ancienne église dédiée primitivement à Saint-Hypolyte, se trouve le tombeau de l’amiral Tromp, orné d’un bas-relief qui retrace son dernier combat.  Le vétéran de la marine hollandaise qui avait vu trente-deux fois le feu, toujours victorieux, qui en 1652, à la bataille des dunes, avait triomphé de Blake, et s’était emparé de la flotte anglaise et qui après cet exploit, rentrait triomphalement dans sa patrie avec un balai attaché au grand mât de son vaisseau pour annoncer qu’il venait de nettoyer les mers infestées d’Anglais.  Mais, ceux-ci exercèrent de terribles représailles qui eurent lieu entre l’embouchure de la Meuse et Scheveningen, et où Tromp non victorieux mais non vaincu trouva un trépas glorieux. 


Dans la même église se trouve la tombeau de Pieter Hein, un simple pêcheur de Delfshaven qui devin amiral.  Il prit aux Espagnols Salvador de Bahia et les galions qui portaient dans leurs flancs plus de onze millions de florins.  Capturé par les Français, il fut mis à mort près de Dunkerque.  Après sa mort, les Etats Généraux nommèrent une députation pour aller porter à sa mère un respectueux hommage et l’expression des regrets de la patrie.  Cette brave femme, que n’avait jamais enivrée la gloire et l’élévation de son fils, remplie de bonhomie et de l’ignorance d’une paysanne, ne fit d’autre réponse que cette naïve oraison funèbre : « Hélas, mes bons messieurs, je l’avais toujours bien prédit, que mon Pieter mourrait comme un méchant garnement. ».  Non loin de Pieter, repose l’illustre Leeuwenhoek, le père de la science de l’infiniment petit.  Leeuwenhoek était né à Delft. 

Dans la nouvelle église, située à la grand’place, un monument attire tout d’abord l’attention, tant par sa grandeur que par le mort le mort illustre qu’il renferme. Ce monument est celui que les Provinces-Unies élevèrent à la mémoire de Guillaume Ier, assassiné à Delft le 10 juillet 1584.  Le tombeau est construit en marbre blanc et noir sculpté.  La statue du héros, le représente revêtu de son armure, l’épée et le sceptre à la main.  A ses pieds repose un petit chien. Ce chien a une histoire.  Il sauva, un jour, son maître d’une attaque nocturne d’assassins espagnols.  En 1572, pendant le siège de Malines, Guillaume dormait tranquillement dans sa tente.  Silencieusement, à l’abri des ténèbres, les Espagnols s’avançaient.  Ils étaient près à pénétrer dans sa tente, lorsque le chien qui dormait près de son maître, averti par son instinct, bondit sur le lit et aboya de toutes ses forces.  Se trémoussant des pieds et des dents aux draps du lit, il parvint à réveiller Guillaume à temps pour qu’il puisse s’échapper.  Près de Guillaume repose ses deux fils.  La famille royale de Hollande a fait son Saint-Denis à Delft.

A  suivre…

2e partie : Un drame à Delft : l’assassinat de Guillaume d’Orange







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